TURQUOISE
Classe : Phosphates, arséniates, vanadates
Sous-classe : Phosphates hydratés
Système cristallin : Triclinique
Chimie : CuAl6(PO4)4(OH)84H2O
Abondance : Peu fréquent
La turquoise est un phosphate hydraté secondaire apparaissant principalement par altération de roches alumineuses ou de phosphates primaires (amblygonite) en climat aride. Le cuivre étant indispensable à sa formation, on rencontre la turquoise à proximité de grands gisements de ce métal, comme les porphyres cuprifères (cas des gisements iraniens et de certains gisements américains). La turquoise forme une série continue avec la chalcosidérite, dans laquelle l'aluminium est substitué par du Fe3+. Ce minéral fut nommé ainsi car il était exporté depuis la Perse jusqu'en Europe par la Turquie. Elle n'est connu pratiquement qu'en nodules, parfois de plusieurs dizaines de kilos, d'éclat cireux, en apparence amorphes, mais se révélant cryptocristallins au microscope avec une structure poreuse et retenant l'eau d'absorption. Ses cristaux sont exceptionnels et à peine millimétriques pour les plus grands. De couleur bleu ciel à bleu-vert ("turquoise") parfois vert-pomme, la turquoise a tendance à ternir en particulier dans les nodules exposés à l'air sec. C'est une pierre d'importance économique majeure, elle est à la fois exploitée comme minerai de cuivre dans plusieurs gisements américain du Nevada et d'Arizona, et c'est aussi un minéral énormément utilisé en joaillerie pour sa magnifique couleur.
La turquoise dans le Monde
La turquoise en France
En France, on retrouve des petites masses de turquoise en altération d'amblygonite à Montebras (Creuse, France). On rencontre également la turquoise dans les carrières de kaolin d'Echassières en plaquage et en petites sphérules vertes millimétriques, plus rarement en nodules.
Macles et cristallisations spéciales
Il n'y a pas de macle connue pour cette espèce.
La turquoise peut en revanche remplacer totalement ou partiellement des organismes fossiles. Le gisement de Potosi Mountain dans le Nevada (USA) a dévoilé des os fossiles de mammifères du Pléistocène partiellement et totalement transformés en turquoise comme cette spectaculaire mâchoire dans sa matrice à droite (© Rob Lavinsky & irocks.com).
Les nombreux traitements de la turquoise
Dans le monde de la joaillerie, la porosité de la turquoise naturelle est généralement une menace pour sa stabilité. Cette porosité lui permet aussi d'accepter facilement les traitements. Ils peuvent rendre la couleur "turquoise" plus stable en l'isolant les substances étrangères comme des cosmétiques, de la transpiration et des corps gras. L'exposition à la chaleur et au soleil peut également endommager la couleur de certaines turquoises non traitées. Jusqu'à assez récemment, le traitement des turquoises le plus courant consistait à tremper la pierre dans de la cire fondue. La cire s'infiltrait alors dans les pores. La cire était généralement incolore et le traitement relativement stable. Actuellement, de l'huile incolore ou du plastique polymère sont utilisés à la place de la cire. La turquoise imprégnée est définie dans le commerce comme "stabilisée", la quasi-totalité des turquoises le sont. La photo ci-dessus (© Maha DeMaggio) montre une série de turquoises imprégnées de Sleeping Beauty (Arizona), seul l'échantillon de gauche n'est pas traité. La turquoise teintée n'est pas très courante, probablement parce que les résultats semblent peu naturels et que le traitement n'est pas stable. Parfois, la turquoise est teintée avec du cirage noir dans des motifs qui tentent d'imiter la matrice.
D'autres traitements incluent l'application d'époxy sur de fines tranches de turquoise afin de les consolider et de les assombrir. Ce nouveau traitement, connu sous le nom de "méthode Zachery", est apparu à la fin des années 80, et il a été utilisé pour traiter plus de 10 millions de carats de turquoise depuis lors... Des gemmes émergent du traitement avec une meilleure couleur, une porosité plus faible et la capacité de prendre un meilleur polissage. À ce jour, le traitement s'est avéré stable et n'a pas disparu avec le temps. La photo ci-contre (© Maha Tannous/GIA) montre une turquoise coupée en deux, la partie de gauche n'a pas été traitée alors que la partie de droite a été traité avec la méthode Zachery. Les détails de cette méthode sont quelque peu mystérieux. Même le propriétaire de l’entreprise prétend ne pas savoir ce qui se passe pendant le traitement... Les gemmologues ne sont pas certains des causes de l’amélioration de la couleur. Dans les tests effectués par le GIA, la plupart des turquoises traitées avec la méthode Zachery se sont avérées contenir beaucoup plus de potassium que la turquoise naturelle non traitée. La cause de cette différence est inconnue... Cependant il y a quelques caractéristiques subtiles qui peuvent indiquer la possibilité du traitement Zachery. La turquoise traitée Zachery a parfois une concentration de couleur dans et autour de ses fractures. Sa couleur, un joli bleu "œuf de Robin", peut sembler légèrement non naturel. La turquoise traitée Zachery peut être détectée en la trempant dans une solution d'acide oxalique, mais ce test est destructeur car il blanchit la couleur. La meilleure façon de savoir avec certitude si une turquoise a été traitée avec cette méthode est de l'envoyer à un laboratoire de gemmologie.
Les fausses turquoises
En règle générale, lorsqu'un matériau gemme est abondant, les fabricants ne font pas beaucoup d'efforts pour le synthétiser. Sauf si la pierre en qualité supérieure est rare et qu'il y a une demande... C'est ce qu'il s'est produit dans les années 1970. C’est pourquoi la société Gilson, créatrice d’autres gemmes synthétiques, a introduit la turquoise synthétique Gilson dans les années 80. Le matériau synthétique, produit par une méthode céramique, n'a jamais été largement disponible. Son aspect est semi-translucide à opaque, une couleur bleu clair à moyen, souvent avec une matrice gris anthracite d'aspect artificiel qui ressemble au motif d'une toile d'araignée.
Les imitations de turquoise en verre et en plastique sont quand à elles assez courantes. Le plastique est particulièrement répandu. La pâte Fimo couramment vendue dans les fournitures des magasins de loisirs créatifs prend un poli semblable à celui de la turquoise et est très facile à travailler. Elle coûte également très peu chère... La tentation de tromper peut être élevée et le résultat est très convaincant.
Un autre type de fausse turquoise est la turquoise dite reconstituée (ou reconstruite). Le nom est trompeur car ces pierres ne contiennent souvent pas de turquoise du tout. C’est un mélange de minéraux en poudre, teintés et collés avec du plastique ou de la résine époxy. En plus des imitations artificielles, quelques matériaux naturels peuvent ressembler suffisamment à la turquoise pour servir d'alternatives. L'howlite (magnésite), un minéral blanc semi-translucide à opaque avec une matrice veinée gris foncé ou noire. Lorsque le matériau est teint en bleu, il ressemble à la turquoise.
Pierres ressemblant à la turquoise
La variscite est un minéral translucide à opaque principalement trouvé aux États-Unis qui varie du vert clair au vert jaunâtre et au vert bleuâtre. Elle ressemble tellement à la turquoise qu'on appelle parfois la turquoise du Nevada ou de Californie. Les marquages occasionnels de la matrice jaune à brun de la variscite augmentent sa ressemblance avec la turquoise. La disponibilité de la pierre est limitée.
Une variété bleue de calcédoine, colorée par la chrysocolle, peut aussi ressembler fortement à la turquoise. En revanche elle est translucide à semi-translucide, ce bijou américain est d'un bleu clair intense à bleu vert. Comme la variscite, sa disponibilité est limitée.
Dureté : 5 à 6
Densité : 2,6 à 2,9
Cassure : Irrégulière à sub-conchoïdale
Trace : Bleu-vert à blanche
TP : Opaque
IR : 1,610 à 1,650
Biréfringence : 0,040
Caractère optique : Biaxe +
Pléochroïsme : Non observable
Fluorescence : Aucune
Solubilité : Acide chlorhydrique
Magnétisme : Aucun
Radioactivité : Aucune