Qu'est-ce qu'une macle en minéralogie ?
Macle : définition
Une macle est l'association de deux ou plusieurs cristaux de même espèce solidarisés selon des règles de symétrie bien définies. Elle peut être simple ou multiple (macles polysynthétiques des plagioclases), et se réaliser par accolement suivant une face ou par interpénétration de cristaux (macle de Carlsbad de l'orthose par exemple). Les macles dites "mécaniques" ont une signification différente : elles sont dues à des déformations.
Les cristaux maclés s'identifient facilement par la présence d'angles rentrants, sortes d'encoches formées par les faces cristallines de deux cristaux solidaires, inexistantes chez les monocristaux. En absence d'angles rentrants et de possibilités d'observation au microscope, des variations d'éclats selon des bandes parallèles traduisent souvent l'existence de cristaux lamellaires accolés.
Une macle est dite simple lorsque deux cristaux sont associés, multiples lorsque plusieurs cristaux sont concernés et maclés selon la même règle (3, 4, 6, 8, parfois plus...).
On distingue habituellement deux type de macles : par accolement et par interpénétration, bien que la distinction ne soit pas toujours facile.
Macle par accolement :
Dans la macle par accolement ou par contact, les cristaux sont simplement assemblés le long d'une surface plane, le plan d'accolement (ou plan de composition), qui se confond très souvent (mais pas toujours) avec le plan de macle.
Afin d'exprimer le fait qu'un plan de macle ou un plan de composition peuvent se développer sur tous les plans cristallographiques équivalents d'un cristal et pas seulement sur le plan d'observation (hkl), ces plans sont par convention notés entre accolades {hkl}. Le "bec d'étain" de la cassitérite est un exemple de macle simple par accolement. Le plan de macle est, à de rares exceptions près, parallèle à une face cristalline (réelle ou possible), parmi les plus communes de l'espèce minérale.
Macle par interpénétration :
Dans la macle par interpénétration, les cristaux s'interpénètrent et le plan d'accolement est quelconque. Le plan de macle est plus rarement défini et la macle habituellement caractérisée par son axe. La macle en croix de staurotide, par exemple, est une macle simple par interpénétration.
Les cristaux maclés sont très fréquemment en position inversée l'un par rapport à l'autre, une disposition particulière nette dans les macles multiples (ou répétées). Les macles polysynthétiques des plagioclases, dans lesquelles les cristaux lamellaires successifs sont parallèles et assemblés alternativement en positions normale et inverse constituent un cas particulier de macle multiple.
Dans d'autres cas de macles multiples, les cristaux sont assemblés par accolement ou interpénétration en positions inversée mais non parallèles. Ce dispositif permet la formation de macles complexes dites "cycliques" car se retrouvant identiques à elles-mêmes par rotation autour d'un axe. Ce terme générique regroupe des macles en roue (rutile, etc...), en croix (staurotide, etc...), en étoile (chrysobéryl, cérusite, etc...) ; les termes anglo-saxons de "trilling", "fivelings", "sixlings", "eightlings", etc... sans équivalent français, précisent le nombre (3, 5, 6, 8 ou davantage) de cristaux impliqués dans la macle. Les macles peuvent créer des figures encore plus complexes, sub-isométriques, comme dans la phillipsite. Les cristaux maclés possèdent alors une symétrie apparente plus élevée que les cristaux individuels.
Les formes cristallines complexes comme les dendrites ne sont pas des macles mais des groupements (ou agrégats) résultant de la croissance incomplète de cristaux suivant des axes cristallographiques définis ; elles sont cependant parfois considérées comme des macles multiples et demeurent particulièrement communes dans les minéraux du système cubique (cuivre, argent, or).
Les différents systèmes cristallins possèdent certains types de macles qui leurs sont propres : macle de l'albite ou de la péricline pour les cristaux tricliniques, du spinelle pour les cristaux cubiques, etc...